Le Canada s’apprête à modifier son approche de la gestion de la population des résidents temporaires, en entamant une réduction stratégique visant à aligner le nombre de résidents temporaires sur des intérêts nationaux plus larges. À partir de l’automne 2024, le pays connaîtra une diminution calibrée du nombre de documents de statut de résident temporaire délivrés, dans le but de réduire la proportion de résidents temporaires de 6,2 % actuellement à 5 % de la population totale. Cet ajustement, planifié en étroite collaboration avec les parties prenantes provinciales et territoriales, devrait se traduire par une réduction significative d’environ 456 000 à 475 000 permis de séjour temporaire, soit une diminution d’environ 19 % par rapport aux chiffres actuels.
Les résidents temporaires sont des ressortissants étrangers qui se trouvent au Canada en vertu d’un statut valide. Les titulaires d’un permis de travail, d’un permis d’études ou d’une carte de visiteur, ainsi que les personnes qui ont été autorisées à entrer sur le territoire à court terme avec un cachet ou sans cachet, mais en passant l’inspection frontalière, sont tous des résidents temporaires.
Ce recalibrage affecte particulièrement la délivrance des permis d’études, les étudiants internationaux constituant actuellement 42 % de la population des résidents temporaires du Canada. Le plafonnement du nombre d’étudiants étrangers devrait représenter une part importante de la réduction globale. Bien que d’autres ajustements du plafond d’étudiants étrangers soient envisagés, les décisions dépendront du retour d’information des provinces, ce qui laisse ces chiffres susceptibles d’être clarifiés à l’avenir.
Informations essentielles sur les ajustements apportés à la politique du Canada en matière de séjour temporaire
- L’élargissement du plan d’immigration du Canada englobe désormais les objectifs en matière de résidents temporaires, ce qui permet de répondre à l’évolution du marché du travail et à l’équilibre entre la disponibilité et la demande de main-d’œuvre.
- Les travailleurs étrangers temporaires seront plafonnés à 20 % de la main-d’œuvre dans la plupart des secteurs canadiens, et les employeurs seront désormais tenus d’embaucher en priorité des personnes originaires du Canada, y compris des demandeurs d’asile et d’autres groupes sous-représentés, avant de solliciter une EFTM.
- L’examen annuel des salaires des travailleurs étrangers temporaires garantira une rémunération compétitive.
Le ministre de l’immigration, Marc Miller, a souligné la nécessité d’adopter une approche équilibrée pour gérer le nombre de résidents temporaires, qui a atteint 2,5 millions, ce qui a entraîné les ajustements politiques à venir.
Impact sur les employeurs et les travailleurs
Le prochain changement de politique indique un cadre plus restrictif pour l’emploi de travailleurs étrangers temporaires, la plupart des secteurs voyant une diminution des pourcentages autorisés. Des secteurs clés comme les soins de santé et la construction peuvent conserver temporairement des limites plus élevées, ce qui reflète une approche nuancée des besoins en main-d’œuvre dans les différentes industries. En outre, les employeurs sont encouragés à recruter des candidats nationaux, y compris des personnes bénéficiant d’un statut temporaire au Canada, avant d’avoir recours à des embauches étrangères.
Des implications plus larges
Les ajustements visent à remédier aux inefficacités et aux problèmes de durabilité du système d’immigration canadien, en équilibrant le besoin de résidents temporaires et les défis nationaux en matière de logement et de coût de la vie. Bien que l’impact sur les programmes spécifiques reste à détailler, l’objectif principal est de rationaliser l’accueil des résidents temporaires en fonction des priorités économiques et sociales.
Pour les demandeurs étrangers, les changements soulignent une approche plus sélective de la résidence temporaire, avec des programmes et des secteurs spécifiques susceptibles de faire l’objet de contrôles plus stricts.
Programmes concernés
Les étudiants étrangers, les travailleurs étrangers temporaires, les demandeurs d’asile et diverses catégories du programme de mobilité internationale constituent une part importante de la population des résidents temporaires. La répartition précise des réductions entre ces groupes n’est pas encore arrêtée, et de nouvelles discussions au sein du gouvernement devraient permettre d’en préciser les modalités.
Pour ceux qui naviguent dans le paysage changeant de l’immigration canadienne, il est essentiel de rester informé et de s’adapter. Alors que le gouvernement peaufine ses politiques, les futurs résidents temporaires et les employeurs doivent se préparer à une nouvelle ère de gestion de l’immigration qui concilie les aspirations individuelles et les intérêts nationaux.
L’éditorial d’All Points
La décision du Canada de réduire d’environ 19 % le nombre de travailleurs étrangers temporaires est une réaction impulsive à la crise de l’offre de logements, mais elle néglige un aspect essentiel de l’épine dorsale de l’économie canadienne : sa dépendance à l’égard de ces mêmes travailleurs pour combler des lacunes cruciales en matière de compétences. Avec le vieillissement de la population, l’économie canadienne se trouve à un tournant où le besoin d’une main-d’œuvre solide est plus pressant que jamais. Au lieu de freiner l’afflux de talents qui a historiquement alimenté la croissance du pays, la stratégie du gouvernement devrait s’orienter vers une solution plus durable : établir des partenariats avec les entreprises pour remédier à la pénurie de logements tout en continuant à accueillir les travailleurs étrangers temporaires qui sont indispensables à notre tissu économique.
Bloomberg News souligne les répercussions potentielles de ce changement de politique, suggérant que l’économie canadienne pourrait se contracter en conséquence directe. La question se pose alors : Comment cette réduction de 19 % sera-t-elle appliquée ? Qu’y a-t-il d’infâme dans cette annonce ? Ils n’ont pas dit comment ils allaient les réduire de 19 %. Voici donc comment devrait se dérouler une réduction ouverte et transparente du nombre de travailleurs étrangers temporaires : « Nous allons transformer cette barrière à l’entrée de X en une barrière à l’entrée de 1,5 ». Les entreprises peuvent ainsi planifier. Ils peuvent réagir en conséquence. Mais nous ne recevons aucun signal de ce type. Il semble que l’approche n’impliquera pas de changements politiques manifestes, mais plutôt un resserrement de la procédure d’approbation des transferts intra-entreprises standard – une démarche qui est non seulement contre-productive, mais aussi opaque. Un tel manque de transparence ne rend pas service aux entreprises, qui ont besoin de clarté et de prévisibilité pour élaborer des stratégies et prospérer. All Points a déjà commencé à voir des décisions douteuses de la part d’IRCC. Nous avons récemment vu quelqu’un qui était manifestement un spécialiste dans son domaine, mais qui a été jugé comme n’étant pas un spécialiste. Cette décision n’était pas justifiée. Cette entreprise a déployé toutes sortes d’efforts et de plans, pour découvrir que la personne qui aurait pu être admise il y a cinq mois ne peut plus l’être. Les entreprises ne peuvent tout simplement pas fonctionner de cette manière, et elles iront chercher leurs talents ailleurs si vous n’établissez pas de nouveaux poteaux de but définissables.
Si le gouvernement se contente de serrer la vis, comme il l’a suggéré plus haut, All Points affirme que si Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) peut aligner ses évaluations de demandes sur la directive du gouvernement, il lui est très difficile d’exercer le même niveau de contrôle aux points d’entrée, où l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a la mainmise. Cette divergence complique encore le paysage pour les entreprises qui comptent sur les talents internationaux pour répondre à leurs besoins opérationnels.
Cette stratégie est plus qu’un simple casse-tête administratif ; c’est un faux pas qui pourrait freiner l’élan économique du Canada, en privant certains secteurs des compétences essentielles dont ils ont besoin pour être compétitifs sur la scène internationale. « Cette politique aurait un impact important sur l’économie à l’avenir », a déclaré Royce Mendes, responsable de la stratégie macroéconomique chez Desjardins, dans un rapport aux investisseurs. « La combinaison d’une économie très sensible aux taux d’intérêt et la probabilité d’un ralentissement de la croissance démographique sont les principales raisons pour lesquelles nous avons été plus pessimistes sur les perspectives à moyen terme de l’économie canadienne ». C’est donc ce que notre groupe de réflexion a de mieux à offrir : nuire à notre économie plutôt que de construire des logements plus rapidement ?
Ottawa doit agir (il aurait dû le faire il y a longtemps, mais nous allons le faire maintenant) et présenter un plan avec les provinces et les constructeurs pour construire les 5,8 millions de logements demandés, alors que vous avez prévu d’en construire 3,5 millions de moins. Depuis le début de l’année 2023, les politiciens se tordent les mains à propos de la crise du logement. Ottawa a accordé un remboursement de la TPS sur la construction de logements, mais toutes les provinces n’ont pas participé au programme à partir de la partie de la taxe de vente provinciale. Pour faire face à d’autres pressions en matière de logement, le gouvernement fédéral a mis en place le Fonds d’accélération du logement et lui a alloué 4 milliards de dollars afin d’encourager la construction de logements dans les villes. Mais… le Fonds d’accélération du logement, qui vise à inciter les villes à construire 100 000 logements, peut sembler beaucoup, mais ce n’est pas le cas. Il représente en fait 2,9 % des logements supplémentaires nécessaires, selon le rapport sur la pénurie de logements au Canada. UN CALCUL DES PÉNURIES DE LOGEMENTS AU CANADA FONDÉ SUR LES DROITS DE L’HOMME (PDF)
Ce n’est pas une partie de plaisir. Ce chiffre doit être beaucoup plus élevé, ce qui signifie qu’Ottawa, les provinces et les villes doivent collaborer beaucoup plus qu’ils ne le font actuellement. L’étouffement de l’économie est la solution de facilité. À l’heure actuelle, l’économie canadienne croît à un rythme anémique de 0,8 %, alors que les États-Unis affichent une croissance de 3,3 %. Et nous sommes sur le point de réduire l’un des vents qui soufflent dans nos voiles : les travailleurs étrangers temporaires. 0,8 %, c’est très proche de la contraction. Une contraction auto-infligée nuira aux Canadiens. Nous avons donc deux choses importantes à faire : a) construire des maisons ; b) faire en sorte que davantage de travailleurs fassent tourner notre économie. Mes enfants ont appris très tôt à marcher et à mâcher du chewing-gum en même temps ; j’attends la même chose de mon gouvernement.
Il est temps de recalibrer les priorités, en faisant en sorte que les solutions innovantes en matière de logement et l’afflux continu de talents étrangers ne s’excluent pas mutuellement, mais fassent partie d’une stratégie cohérente visant à soutenir l’économie canadienne. Le message adressé au gouvernement doit être sans équivoque : Construisez les infrastructures nécessaires et maintenez le flux de travailleurs qui enrichissent notre économie. Si ce n’est pas le cas, c’est l’avenir du pays qui en pâtit.
Pour obtenir des informations détaillées et des mises à jour, visitez le site web officiel du gouvernement : https://www.canada.ca/en/employment-social-development/news/2024/03/government-of-canada-to-adjust-temporary-measures-under-the-temporary-foreign-worker-program-workforce-solutions-road-map.html